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Qu’est-ce que l’apparence ?

Le physique, le look, l’image de nous-même reflétée par le miroir ou celle, influencée, que nous renvoie la société par les yeux des autres gens.

Certains ont développé un véritable culte de l’apparence, et passeront des heures entières à s’entretenir, tantôt le corps, tantôt la coiffure, tantôt le look vestimentaire et les artifices à vocation d’embellissement.

D’autres y vouent moins d’importance, restent soignés mais ne passent pas leur temps à sortir leur petit miroir de courtoisie pour savoir si une mèche a bougé.

D’autres encore semblent se foutre comme de l’an 40 et de leur physique et/ou de leur look, ainsi que de l’opinion des gens à leur sujet.

Des plus narcissiques aux plus négligés, les raisons sont nombreuses qui font que les gens se sentent plus ou moins concernés par leur image.

Ceux qui nourrissent le besoin incontrôlé de se reconnaître et surtout d’être reconnus comme au top de l’image qu’ils puissent offrir en viennent parfois, au delà de leurs comportements souvent vaniteux et imbus, à souhaiter tellement se calquer sur un modèle qu’ils vont faire un usage quasiment boulimique de la chirurgie plastique.

Au Brésil, le culte des corps sculptés, notamment des fessiers, appelle aux implants.

Aux US, la proportion de femmes aux seins siliconés est impressionnante.

Extensions, raccourcissements, rabotages, liposuccions, implantations, …

Rien ne semble impossible pour peu que l’on ait les moyens, mais gare aux résultats, les « accidents » de bistouri et le manque de modération chez les sujets amènent parfois à des situations aussi irréversibles que désastreuses.

Les réseaux sociaux sont un excellent témoin de cette tendance à la starlettisation de personnes de ce genre.

La quantité de profils, essentiellement féminins il faut le dire, mettant en avant les atouts les plus aguicheurs des concernés, est gigantesque.

Seins obusiers, croupes de patineuses sur glace, bouches à faire des heures sup., crinières flamboyantes, et trois personnes mobilisées pendant 24h sur chaque œil, pour quelques selfies à vocation hautement érectile, renouvelés tous les trois jours dans des poses exactement identiques mais pas avec le même fond et pas avec les mêmes sapes.

Non mais allo t’es une fille et t’as un selfie d’une semaine sur ton FB ?

Ces égéries, bien qu’aussi creuses que voyantes, emmagasinent un nombre de suiveurs époustouflant, preuve que sur une simple apparence bien calculée, l’effet est d’une redoutable efficacité.

Les « négligés », ce qui est très relatif car assez péjoratif comme terme, car là les origines de la situation sont parfois issues de situations psychologiques attristantes, sont donc les gens qui semblent ne pas prêter pus d’attention que ça à leur look ou à l’entretien de leur physique.

L’obésité est concernée, et son opposé l’anorexie, mais on oublie de dire que dans le premier cas il s’agit parfois d’une maladie qui l’engendre, et que dans le second (et parfois le premier aussi), c’est une détresse ou un trouble psychologique intense qui en est la cause.

L’obésité est terriblement néfaste sur la santé, c’est pourquoi les personnes qui sont dites rondes, bien portantes, « pulpeuses » (lorsque l’on veut faire un compliment à une femme, c’est souvent le plus choisi), évitent soigneusement d’en arriver là, se contentant d’assouvir leur gourmandise épicurienne sans passer tous les jours sur le pèse-personne pour y laisser des cheveux.

On peut donc dire que ces derniers sont à l’opposé des précédents, car ils ont parfaitement conscience de ne pas appartenir au standard du physique, à cette norme dont on peut sans nul doute attribuer tout ou partie de la responsabilité à quelques vieux Ubu prostatiques de la Mode, dont je rappelle l’exemplaire tirade du plus dégénéré d’entre eux, l’anachronique teuton-tige au catogan immaculé de sa conception : « Ze n’est pas à la Mote de ze plier au gorps de la femme, z’est au gorps de la femme de ze plier à la Mote. ».

Ils le savent mais soit ils s’en foutent, partant du principe qu’ils ne culpabilisent pas là où on voudrait qu’ils le fassent, c’est à dire en public et devant une glace, sachant qu’on ne peut de toute façon pas plaire à tout le monde, et que plaire à quelques gens que l’on aime aussi est déjà amplement satisfaisant, soit ils le vivent moyennement bien, voire très mal.

Ces derniers sont ceux que la culpabilité a atteints suffisamment pour chercher l’accusation dans le regard des gens et sembler la trouver même lorsqu’elle n’y est pas, et qui, une fois chez eux, se pincent les bourrelets en avalant un demi-litre de crème glacée…

Les premiers ont souvent une certaine jovialité dans l’expression, les seconds sont malaisés au possible.

Les personnes qui oscillent physiquement entre ces deux extrêmes, se sentent donc, sur le principe, un minimum concernées par leur image, selon leur propre jugement, et vis à vis de ceux qui les côtoient ou simplement les voient.

Elles ne sont pas forcément sveltes mais peuvent l’être, elles peuvent jouer du yoyo sur la balance suivant les saisons et le nombre de fiestas-apéros de l’année en cours, mais si l’alarme « t’es allée trop loin » retentit, elles calment le jeu et se laissent doucement revenir à une apparence qui leur convient à elles.

Je les connais bien celles-ci… On est presque frangines, hahaha…

Elles n’ont pas sur elles un sac à main de la taille d’une valise, avec de quoi maquiller le Lido pour une semaine, 7 brosses à cheveux et 3 bouteilles de laque, ainsi que 3 batteries de portable de secours pour ne pas être prise au selfie-dépourvu.

Il leur arrive de passer un dimanche à la maison en t shirt long, sans se coiffer au cordeau, sans se tartiner autre chose que le morceau de baguette du matin, dès fois que Brad Pitt se perde dans le quartier et sonne à CETTE porte pour demander de l’aide, et, comble de la non-branchitude, de ne même pas penser à faire un selfie en mode tête de mérou.

Elles peuvent bouffer une pizza entière sans ressentir le besoin de se frapper le front de manière hystérique contre une photo de Ryan Gosling, dont elle croient la possibilité de l’épouser condamnée par une double pepperoni.

Elles ne coupent pas la conversation d’un interlocuteur, qui narrait la perte récente d’un être cher, en disant « Oh pardon de te couper mais tu vas pas en revenir ! J’ai atteint les 4000 followers dont Hugh Jackman qui m’a même envoyé une photo coquine de Wolverine ! Je suis trop contente ! »

En bref, plus au moins dans les standards ou rond et pas dérangé de l’être, l’apparence est d’importance relative et ne pourrit pas l’existence.

Bien malheureux ceux qui ont une image problématisée par la maladie, non pas seulement pour une question esthétique, mais pour la souffrance psychologique et la dangerosité sur la santé.

Bien malheureux aussi, je trouve, celles et ceux qui font de leur vie une éternelle et permanente contrainte, se forçant à courir ou à pousser de la fonte parfois sans la moindre envie, se refusant les plaisirs de la bonne chair et de la convivialité d’un partage des saveurs, confondant épicurisme et débauche, humilité et manque d’ambition, et le plus souvent assis sur leur meilleur profil…

Pour la question du « look », qui contribue aussi à l’apparence au-delà du physique, on retrouve un peu la logique précédemment présentée, à savoir que :

  • Les gens qui vouent un culte à l’image n’ont d’autre choix que de se « saper comme jamais », pour reprendre le titre d’une typique caricature de l’apparence, le lauréat de l’année du beuglement au salon de l’agriculture, l’inimitable (et tant mieux, un c’est déjà de trop) Maître Gimms.

    Je ne critiquerais pas son accoutrement, il a au moins le mérite de l’originalité à défaut du goût, mais je suis tout de même allée passer un check-up rétinien après, par accident je vous rassure, avoir laissé échapper un œil sur son clip lors d’un zapping mal contrôlé.

    Ces gens donc, si ils veulent que les pecs, les miches ou les airbags soient mis en valeur, ne peuvent pas se permettre de simplement les suggérer, ce qui serait à mon avis de bien meilleur goût, mais cela plairait moins à leur public.

    Car vous l’aurez compris, ces personnes sont imbues d’elles-mêmes, mais c’est essentiellement à travers le regard des autres qu’elles se sentent exister.

    Sans un public conséquent et croissant, elles perdent tout attrait pour ce qui leur paraissait jusqu’alors essentiel.

    Elles s’étiolent et se fanent, et deviennent encore plus creuses qu’elles ne l’étaient, jusqu’à finir par résonner d’une plainte lugubre et lancinante, qui n’est pas sans rappeler celle que l’on devine sur l’expression du fantôme de Cathy Earnshaw, lorsque Lockwood, le narrateur, l’aperçoit à la fenêtre du cottage, dans le grand classique du roman d’Emily Brontë, Les Hauts de Hurlevent, mais je crois que je m’égare…

    Bref, ces personnes sont toujours très « lookées » ; c’est même souvent un budget non négligeable chez elles que celui de l’apparence, en vêtements et en cosmétiques divers, car ne l’oublions pas, pour ces gens là, vieillir c’est mal, et il faut s’en prémunir le plus longtemps possible, avec des crèmes de jour à l’extrait de couilles de yack, et des crèmes de nuit à vertu de tenseur cutané, directement prélevé à la source si on est équipé d’un compagnon de plumard…

  • Les gens qui sont obèses n’ont que très peu de choix pour suivre la mode, et ont de toute façon une totale impossibilité à camoufler quoique ce soit, ils visent en général le confort. Les anorexiques en revanche, « maigre » compensation (si je peux me permettre un jeu de mot facile), peuvent entrer dans les fringues de la haute couture puisqu’elle est en général taillée sur de squelettiques adolescentes, dont le vrai goulag que représente les quelques années de leur gloire éphémère et le plus souvent anonyme, passe par autant d’allers-retours faits sur les podiums que ceux effectués entre le frigo et les chiottes…

    Les personnes dites fortes ou rondes ont de plus en plus de choix dans le vêtement, bien que l’on entends encore assez souvent se plaindre que les modèles les plus « branchés » se trouvent le plus souvent entre 34 et 42.

    Les « bien dans leur peau » s’habilleront pour eux et en se foutant du regard des autres, les complexés préféreront le plus couvrant, le plus ample, le plus discret.

  • Les « entre-deux » c’est très varié, ils n’ont pas de contraintes de taille la plupart du temps, et ont en général quelques tailles appropriées de côté même en cas de yoyo.

    Certains seront plus coquets, d’autres naturellement très discrets, d’autres très exubérants, il n’y a pas vraiment de règle chez personne, même chez les précédents on peut trouver de tout, mais la variété dépend aussi de la facilité à trouver du choix.

    Après les goûts et les couleurs, on sait bien qu’il y a des couleurs d’égout pour ne pas dire de chiottes, ou plutôt des associations de couleurs, car aucune couleur n’est laide, on aime ou on aime pas.

    Les looks très ciblés, tels que le gothique, regardent les intéressés, je ne vois pas pourquoi on en fait tout un fromage, car ils ne dérangent personne, tout comme si un homme souhaite s’habiller en femme, je ne vois pas pourquoi on l’emmerde, ce qui en plus n’est pas le cas dans le sens inverse.

    Je suis personnellement beaucoup plus choquée lorsque qu’une personne affiche une base rouge ornée de cercles roses et de carrés jaunes, que par un mec qui porte une robe à froufrous façon Yvette Horner. Euh non tout compte fait pas Yvette Horner… Pouf pouf. Régine ! Ah non zut mais je vais pas bien moi…

Voilà, après cette « intro-développement » que j’estimais à la fois intéressante à partager et nécessaire à introduire la suite, qui ne saurait tarder, he bien voilà la suite et vous voyez que ça n’a pas tardé.

Je voulais, à travers cet article, présenter à la fois mon opinion sur l’apparence, et aussi parler un peu de la mienne, parce que cette année cela fera 10 ans que j’aurai entamé une procédure, tout d’abord psychologique pendant 4 années de travestissement à l’évolution d’apparence certaine, nécessaires à effectuer un choix définitif réfléchi en raison des nombreux bouleversements qu’occasionnent un changement de genre, puis de manière à la fois physique et toujours psychologique, durant les 6 dernières années, en tant que transsexuelle.

Mon apparence a forcément beaucoup compté.

On ne peut pas objectivement s’interroger sur sa féminité lorsque l’on est né homme et vécu comme tel une quarantaine d’années, sans adresser un seul regard au miroir, lorsque l’on souhaite vivre l’expérience du genre opposé.

Lorsque, pour la première fois (et jamais la dernière parait-il), vous décidez de vous travestir parce qu’au fond de vous bouillonne cette envie, qu’elle ne date pas d’hier ou qu’elle vienne de naître, et que vous avez soigneusement préparé cette occasion, en réunissant des bases de maquillage, une perruque si vous n’avez pas les cheveux longs (ce qui était mon cas à l’époque, cheveux très courts), quelques vêtements (ça le look ça va dépendre de plein de facteurs, mais en général les premières fois c’est assez cliché, robe ou jupe, bas et sous-vêtements) et, si vraiment vous le vouliez quitte à galérer un peu pour trouver, des pompes à votre pointure avec un peu de talons, genre escarpins pointus qui font mal sur pieds trop larges, sur des orteils habitués au mode éventail intra-Converse.

Tout le monde a son parcours, et je ne cite pas ici mon expérience vécue comme une référence à suivre, ou dans le but de déclencher un concours de comparaisons chez mes amies et contacts transgenres.

Les comparaisons sur les détails du passé ne m’apportent pas grand chose à travers l’échange direct, et je préfère de loin lire des témoignages, en prenant mon temps pour laisser la réflexion (ou l’ennui) me gagner à son rythme.

Cet aparté pour dire que je narre pas ces anecdotes pour m’entendre dire : « ah ben moi j’ai mis des talons de 12 direct et j’avais une boite de make up pro avec 109 pinceaux », sincèrement, je m’en tape un peu.

Donc, cette première fois, vous vous lancez devant la glace d’une salle de bain en général très peu encline a valoir la qualité d’un véritable miroir à ampoules, comme dans les loges d’artistes, que je ne possède d’ailleurs toujours pas.

Vous regardez cette bobine que vous connaissez par cœur, et que d’ailleurs vous avez soigneusement rasée de près 10 minutes auparavant.

Vous êtes à la fois inquiet et confiant, surexcité et un peu gêné à l’idée du résultat encore imaginaire et improbable.

Procédons par ordre.

De haut en bas ? Comme en peinture pour couvrir les coulures ?

He ho détends toi, et pourquoi pas gâcher du plâtre ! (Nous allons voir plus loin que cela aurait été préférable…)

Non pas d’abord les yeux c’est nul, quand j’ai bouquiné deux trois sites qui parlaient de ça, j’ai donc ensuite acheté du maquillage basique, dont du fond de teint.

Ben voilà faisons ça, c’est une base donc c’est la base.

Fond de teint liquide semblant se rapprocher de ma carnation, et poudre libre pour estomper et matifier.

J’applique.

Voilà application faite avec une petite « éponge » recommandée.

Alors deux choses choquent de but en blanc :

  • Ce n’est pas ma carnation du tout en fait, c’est plus foncé, et la démarcation au niveau du cou n’est pas très chic.
  • Cette trace de barbe bien sombre, de la moustache au cou, que je pensais voir s’évanouir comme par miracle et m’offrir le teint de pêche d’une jeune vestale, soigneusement préservée des traîtres rayons solaires autant qu’elle doit l’être des turgescences masculines, cette trace traîtresse était presque toujours aussi visible…

Fond de teint sensiblement inadapté donc.

Pas grave, on va en repasser sur les zones sombres.

C’est fait et c’est guère mieux, même après la poudre qui fait éternuer, et on devine toujours la zone plus sombre.

Tans pis pour cette fois c’est un coup d’essai, peut-être que je devrais aller au culot et demander à une vendeuse la prochaine fois, elle va pas me bouffer et puis si elle glousse une fois parti je n’en saurai rien.

L’automédication est déconseillée c’est vrai, he bien je saurai que l’autotrompecouillon aussi…

Allons y à présent pour les yeux.

Alors soyons logique, fard à paupière d’abord crayon après.

Quel fard ? Je n’ai pas investi beaucoup ce coup ci, j’ai deux petites palettes de trois couleurs, une avec un bleu foncé, un bleu électrique et un blanc, et une avec un marron foncé, un marron glacé et un beige.

J’ai choisi quoi d’après vous ?

Bravo le bleu… Avec mes yeux… bleus.

Ben oui mais je sais pas, ces marrons là ça allait à peine se voir il me semblait. (j’apprendrais seulement plus tard que c’est bien le but, que hormis les smocky et les tons de couleurs vives ciblés, la tendance est plutôt au « nude », un maquillage présent mais subtilement estompé, jouant sur des teintes sobres et judicieusement positionnées)

Je colle donc du bleu électrique sur toute la paupière supérieure, ajoute du foncé par dessus vers le coin externe de l’œil (sur ce dernier point j’avais à peu près bon) et utilise du blanc au dessus sous le sourcil.

Bozo.

Ah pour se voir ça se voyait, même certainement dans le noir, j’aurais du tester.

Si il y a bien un truc que j’ai pu remarquer chez pas mal de travestis, et pas seulement des débutantes, c’est que leurs principales fautes de goût, dans la tenue ou le maquillage, ne se remarquent quasiment jamais chez des femmes.

La question que je me suis donc très vite posée et que je me pose toujours était : « Si vous n’avez jamais vu de telles couleurs criardes sur la moindre paupière de femme, hormis sur quelques rombières grabato-emperlousées et quelques copies de la famille Groseille, pourquoi vous entêtez-vous à vous en beurrer le pli palpébral ? »

Épreuve suivante : le kohl en crayon noir pour souligner les bords de paupière, on en est pas encore au liner, faut pas abuser non plus…

Bon en haut ça peut aller, c’est pas net net mais ça s’applique plutôt bien et sans contrainte, par contre en bas c’est plus galère, on ose pas trop appuyer, on tire un peu la paupière par en dessous mais on a peur de se blesser l’œil, et le résultat est un peu plus inégal qu’en haut.

Enfin, pour cette partie, le mascara sur les cils, que l’on essaie de brosser sans faire de pâtés de cils collés, et ça se passe dans l’ensemble plutôt bien.

On se regarde à présent et l’adrénaline afflue.

C’est d’un goût très discutable, mais ça ressemble sacrément à un regard de femme (surtout que j’avais un peu devancé l’appel en épilant un peu les sourcils pour leur donner une forme, plus de finesse et aucun aspect broussailleux.).

La sensation est très plaisante, on a un peu l’impression d’être un gosse qui s’admire dans sa panoplie et qui a envie de crier « Je suis Zorro ! » (si ça vous arrive un jour, ne criez pas que vous êtes Zorro bien sûr, c’est parfaitement inapproprié…)

Il reste quoi ? La bouche.

Crayon à lèvres, rouge à lèvres en tube.

Je comprendrais aussi plus tard qu’ à part chez les Groseille encore une fois, on ne met pas de crayon foncé en contour, et de stick rose bonbon en intérieur, mais du ton sur ton.

Là j’ai un crayon rouge assez soutenu, limite magenta, et un rouge plutôt classique, donc plus clair.

Effectuer le tracé du contour, alors que j’ai un cœur assez marqué, fut étonnamment facile, bien que je voulu peaufiner ce que j’estimais être une légère dissymétrie et qui se solda par son accentuation…

Je traçais donc le contour et ne remplissais pas les lèvres, ce que je fais à présent presque systématiquement avec le même crayon, pour n’y ajouter qu’un gloss ou une couleur adaptée par dessus.

J’utilisais le tube lui même pour l’appliquer sur les lèvres, ignorant encore que seul un pinceau à lèvres frotté sur le stick lui-même permet un vrai travail d’orfèvre, pour offrir à la bouche toute la sensualité qu’elle mérite.

Résultat : c’est rouge. Le crayon se remarque un peu. Je suis moins bluffée que par les yeux.

Mais bon, c’est fait, madame sans nom vous êtes fort… troublante.

C’est bien comme mot troublante.

C’est pas prétentieux et ça reste sympathique…

Allez hop, on enchaîne !

Ajustes-moi cette perruque, carré châtain foncé classique, facile à coiffer, s’applique et se fixe assez facilement grâce aux petits peignes inclus au verso.

Marrant cette tête.

Pas Brigitte Bardot non plus mais bon, essaie d’arrêter trente secondes de froncer ainsi les sourcils et de sourire ?

Ah oui c’est beaucoup mieux !

Euh non t’emballes pas, évites par contre le baiser à la Maryline, ou à la Betty Boop, elles c’étaient des pros, on vient juste de friser le grotesque…

Bon on met le soutif et le string ?

Histoire de.

Pas compliqué. Reste à rembourrer. Chaussettes propres à la rescousse !

C’est bon.

Les bas.

Vieux fantasme de mâle toujours présent hein ?

C’est joli sur une jambe un dim up non ? Hahaha…

D’ailleurs, on ne va pas se raconter de conneries, si certaines en ont très bien conscience, d’autres nient parfois ce fait qui me paraît pourtant très logique : un certain nombre d’hommes qui se travestissent cherchent à se transformer plus ou moins consciemment en la femme qu’ils idéalisent.

La taille de la fausse poitrine, la couleur de la perruque, le maquillage plus ou moins prononcé, la tenue plutôt chic ou ultra sexy, les bons vieux clichés des bas ou/et des jarretelles, la hauteur des talons, les matières portées, tout ceci est souvent calqué sur un fantasme lié au désir, la preuve en est qu’un certain nombre de personnes ont des tenues et pratiquent le travestissement uniquement en relation avec une forme de sexualité, qu’elle soit partagée ou purement onaniste.

Après les bas, vient la robe, noire, près du corps, manches en filet, assez seyante je trouve, sur une cambrure naturelle qui se révélait soudain avec évidence.

Enfin, les chaussures, et cela a beau être ma pointure, ça serre un peu quand même.

Les talons sont petits (les plus petits que j’ai jamais portés en mode fins d’ailleurs) et la démarche reste à peu près digne au fur et à mesure que l’on accélère le pas en prenant de l’assurance.

Devant le miroir de la penderie, on peut enfin se voir toute entière.

C’est troublant.

Et là je suis sincère.

Maquillage façon Picasso à la queue de vache, peinture à l’éponge mais côté grattoir, certes…

Perruque que ça se voit un ptit pneu quand même que c’en est une, certes.

Tenue que très sincèrement tu t’amuses à dévoiler en soulevant ta robe pour te zieuter le cucul et que tu essaies d’imaginer ce que toi tu ressentirais si tu ce que tu voyais devant toi était réellement une nana qui te chauffait, et que tu te prêtes à sourire en te disant que tu lui ferais peut-être bien sa fête, certes…

Mais ce qui est drôle, c’est que la tu es soudain spectateur d’autre chose que d’un simple déguisement qui, un moment plus tôt, t’évoquais l’enfant et la panoplie de Zorro.

C’est une autre personne qui te regarde comme tu la regardes.

Pas toi déguisé en fille.

Plutôt la partie de toi qui en est une et qui t’interroge du regard en te disant : « Tu m’as enfin libérée. Mais si tu veux que je retourne dans l’ombre ou j’ai vécu 40 ans, tu as juste à enlever tout ça et à tout oublier, je ne m’imposerai pas. »

Lentement, tu t’approches de la glace les yeux plongés dans tes yeux, tout en te répétant en boucle « Non je ne suis pas atteinte de TDI (trouble dissociatif de l’identité) ».

Celle qui te parle n’est rien d’autre que toi, qui te fait un aveu, sans reproche ni culpabilisation pour t’être si longtemps ignoré dans ta réalité profonde, rejetant l’un après l’autre tout les indices de ton existence, tenu au secret, muré dans ton silence et protégé par tes œillères.

La lenteur de tes mouvements pourrait passer pour de l’hésitation, pourtant il n’en est rien.

Tu observes juste, avec douceur et bienveillance, cette partie de toi et tu l’accueilles, lui ouvre en grand les portes de ta conscience.

Cette partie de toi que tu ressens terriblement positive, pleine d’une énergie et d’une volonté insoupçonnée, pleine de sourires et de créativité, mais aussi de force et de courage.

La repousser serait tellement contraire à la plus élémentaire des logiques.

Le seul point qui t’interroge, c’est quelle place exactement elle va prendre dans ta vie, car tu ne peux vraiment pas à ce stade juger de son ampleur.

C’est en comprenant cela, mais je ne vais pas vous mentir, je ne l’ai pas exactement compris à l’époque, beaucoup plus il y a peu grâce à une longue réflexion, du recul nécessaire et une bonne série de remises en question, que j’incite non seulement tout le monde, mais tout particulièrement les transgenres eux-mêmes, à tenir compte de la place que prend cette part féminine, ou masculine dans le cas des femmes qui se sentent une part d’homme, et à considérer que le degré qu’ils ressentent n’est jamais strictement égal à celui d’une ou d’un autre.

Une part pas trop importante proposera d’elle même à la personne le compromis du travestissement occasionnel en tant qu’équilibre profitable, tandis qu’une part prépondérante, orientera très certainement vers la voie du transsexualisme, et ça cela concerne les intéressé(e)s et personen d’autre.

Forts de ce constat, il est donc futile d’entériner la stupide guerre de castes qui fait rage chez certains membres de cette encore trop prétendue communauté. Les trans opérées ne sont pas supérieures aux trans non opérées, ces dernières pas supérieures aux travestis très féminins, et ces derniers pas supérieurs à tous ceux qu’il jugent « néandertaliens ».

L’apparence n’octroie pas de supériorité, vous hormoner ou vous faire réassigner chirurgicalement ne fait pas de vous un être meilleur, seule compte votre valeur intrinsèque, qui vous fera pencher dans la balance entre la(le) chic fille (type) et la(le) sale conne (con).

Un point lui aussi à ne pas négliger lorsque l’on parle d’apparence.

Toujours est-il que cette première expérience fut une révélation, et que je compris vite quelle était la part de Roxanne.

Plus elle brillait, plus l’ancien moi se ternissait.

Ce n’était pas parasitaire pour autant.

Une page se tournait lentement, la page d’un livre dont j’étais et suis toujours terriblement fière, rempli d’aventures palpitantes et rocambolesques, d’amour et de belles réalisations, avec ses points de ténèbres profondes, comme tout un chacun…

Seulement voilà.

Roxanne était une boulimique de sa nouvelle vie. (Je crois m’être calmée un peu en 10 ans).

En 2007 elle surgissait de l’ombre et l’anecdote de la première séance s’ensuivit de moult autres.

Le but ?

Revivre le plus souvent possible ce moment de plénitude dans un premier temps, et… progresser dans l’apparence !

La question que l’on peut se poser dès lors serait : « cette recherche de progression, que l’on peut aussi nommer amélioration, se traduisait t elle par le besoin de se trouver plus jolie, plus séduisante, ou simplement plus féminine ? »

Très sincèrement, je crois qu’à l’époque c’était très lié.

L’ego ce n’est pas un gros mot.

C’est l’avoir surdimensionné qui occasionne des problèmes.

Je ne vois pas en quoi c’est dérangeant si une personne se met en valeur, apprécie de se plaire et y puise de la confiance sans être suffisante ou mégalo, ou même trouve un certain plaisir à séduire.

Ce que je reprochais en intro aux bimbos du web et autres bellâtres fans de gonflette, ce n’est pas simplement d’être un peu caricaturaux, c’est de centrer la totalité de leur intérêt sur leur propre superficialité, et de s’entourer de tous les idiots qui marchent dans cette combine.

Je mentirais si encore aujourd’hui, je n’appréciais occasionnellement les sympathiques compliments que les gens m’offrent parfois lorsque je poste une nouvelle image, acte que je pratique somme toute assez peu.

Toujours est-il que ça m’a longtemps démangé, que si il était une chose certaine dès le départ, sans savoir encore aucunement quel serait mon parcours futur, c’est qu’il était indispensable de donner du corps à cette nouvelle existence, double vie au départ puisque de ma période travestie (2007 à octobre 2011) je ne vivais pas à 100% ainsi au quotidien, et que d’ailleurs cela n’a réellement été le cas qu’à compter de 2013, professionnellement entre autres.

Bon au bout de plus d’un an de prise d’hormones, il y a des changements qu’il devient fort difficile de « cacher », surtout, et on ne va pas s’en plaindre, si l’effet est réellement probant.

Cette apparence, que l’on a vue et revue, améliorée, il était temps de l’assumer à cent pour cent pour pleinement la vivre, et qu’elle entre enfin en phase permanente avec l’être du dedans, qui était prêt pour sa part depuis bien plus longtemps.

Durant toutes ces années, j’ai profité de sorties, de soirées, pour me confronter au regard des autres, le plus souvent amicaux mais pas toujours, parce que ce miroir là est lui aussi très important pour le développement de son assurance et de son équilibre.

J’ai reçu au début beaucoup de conseils et de soutien, dans ce petit monde de la nuit dédiée transgenres aux apparences festives, mais qui n’était qu’une devanture de principe sur une réalité difficile, en de multiples aspects qui ne sont pas le sujet de cet article.

Ces conseils m’ont été essentiels et bénéfiques pour réaliser moi-même ma croissance tardive en accéléré, du moyen de cacher la fameuse trace de barbe (avant de subir le traitement au laser), à celui de gagner en crédibilité par la sobriété de l’apparence.

Oui, maquillage pas trop chargé, tenue féminine mais plus trop de clichés, de la féminité dans l’attitude et du naturel avant tout, et un gain d’assurance exponentiel au bout de la voie.

Et plus j’évoluais, moins j’observais les gens, persuadée avant qu’ils m’observaient et me jugeaient.

Et moins je cherchais la critique en la redoutant, plus mon assurance augmentait.

Et plus mon assurance augmentait, moins les gens me « calculaient ».

Depuis longtemps à présent, hormis chez ceux « qui savent », mon apparence ne semble plus présenter d’ambiguïté notoire et susciter la moindre interrogation chez les divers interlocuteurs du quotidien.

J’ai bien conscience du confort que m’apporte cette situation, confort qui n’est pas le cas de toutes et tous qui vivent aussi leur choix au grand jour.

J’ai aussi conscience de la chance qui est la mienne d’avoir un enfant aussi génial et malin, capable de devancer mes réactions dans toutes les situations rencontrées, et d’être lui-même digne de la Comédie Française dans ses interprétations,

d’avoir des parents compréhensifs, même si en toute légitimité assez inquiets,

d’avoir un job où ma reconnaissance en tant que femme s’est réellement officialisée,

d’avoir un voisinage de mecs super gen… punaise je dis quoi moi là ? Et pourtant je n’ai rien bu… donc oublions le voisinage d’en face, ces crapules sont la tâche sombre sur la radio du poumon…

Pourtant, depuis quelques temps, je me sens un peu moins concernée par mon apparence.

Pas du tout que je la néglige, mais je met moins de peps à la faire évoluer et à l’immortaliser.

C’est peut-être passager, et je reste toujours très heureuse lorsqu’une photo posée ou pas me plaît.

Les quelques gros déboires en série, pour ne pas dire cascade, que j’affronte depuis quelques temps doivent largement y contribuer.

Ma motivation envers pas mal de choses en a pris un coup, et il est important que je me reconstruise du mieux possible pour espérer retrouver du plaisir à mettre mon image en valeur.

Pour l’occasion, j’ai toute de même concocté ce panneau de ma bobine évoluant sur ces 10 années, je les a choisies pour l’essentiel parce que j’y souris, même si au tout début il semble que j’avais un peu de mal à le faire avec autant d’intensité, voire pas du tout !

On notera aussi que je pourrais avoir été assez culottée d’avoir critiqué certaines égéries de réseaux sociaux, qui s’exposaient un peu de manière aguicheuse, vu certaines des miennes, mais je rappelle que ces photos n’ont jamais fait ma couverture ou mon enseigne de profil, alors poupoune hahaha !

Bref, c’était une manière de partager par le texte et l’image un peu plus d’intimité, étant de nature plutôt secrète, mais à l’instar des bons vins, espérant me bonifier avec l’âge d’un point de vue ouverture des chakras.

10 ans f2

Travesti, qui es tu ?

L’es tu seulement dans l’apparence ?

Comment crois tu être perçu,

tu montres tant de différences.

Un jour soudeur, un jour diva,

Les yeux mi-clos, tu penses à quoi ?

Tu passes de l’ombre à la lumière,

trop souvent simplement pour plaire.

L’image que renvoie ton miroir,

est-ce vraiment celle que tu veux voir ?

Ne fuis tu pas par un mirage,

une vie où te manque du courage ?

Travesti, qui es tu ?

L’es tu seulement dans l’apparence ?

Lorsque tes pensées sont tordues,

Tu pèses deux poids sur la balance.

« Je suis une femme au fond c’est sûr »,

déclares tu comme ta vraie nature.

Êtes-vous vraiment tous si honnêtes,

J’ai tant de cas à vous soumettre…

Beaucoup sont fortes à pavaner,

faisant d’être belles nécessité.

Une collection de narcissiques,

faisant leur numéro de cirque.

Travesti, qui est tu ?

L’es tu seulement dans l’apparence ?

Que préfères tu dans l’absolu,

La mascarade ou l’espérance ?

Dois-je citer celles qui se déguisent,

pour donner l’illusion promise,

à quelque bi désespéré,

de ne pouvoir s’assumer ?

Ou encore celles dont l’unique but,

est de pouvoir montrer leur cul.

« Stars » d’une bien triste assemblée,

dont la seule vision fait pitié.

Travesti, qui es tu ?

L’es tu seulement dans l’apparence ?

Tu as l’esprit parfois confus,

de fausses raisons sans importance.

Fort heureusement parmi le lot,

existent des personnes dont les mots,

Ne respirent pas le boniment,

la perversion ou l’abaissement.

Certaines sont sincères et croient,

que ce qu’elles font est un bon choix.

Pour elles je montre du respect,

peu importe la voie empruntée.

Travesti, qui es tu ?

L’es tu seulement dans l’apparence ?

Si trop de toi tu es imbu,

tu n’as aucune appartenance.

J’en ai juste un peu plein le dos,

de voir des mecs sous libido,

dire qu’ils sont femmes à part entière,

alors qu’ils pensent à leur derrière.

Ces gens sont juste des travestis,

aucune honte à être ainsi.

Mais qu’ils cessent donc de raconter,

qu’ils ont une vraie féminité.

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