Bescherelle world

La langue française…

Reconnue une des plus difficiles au monde de par la complexité de sa grammaire et de sa conjugaison, ainsi que de par la richesse de son vocabulaire et par conséquent de l’orthographe qui en découle.

Une jolie langue de l’avis de beaucoup d’étrangers, peut-être un peu moins chantante que l’italien ou enjouée que l’espagnol, mais bien moins gutturale que l’allemand ou le russe.

Mais en termes de complexité, toutes les personnes de langue maternelle étrangère s’accorderont à le dire, le français est un véritable enfer à apprendre…

Tout au long de la scolarité des enfants nés en France, il n’est de cesse que de revenir inlassablement sur les nombreuses règles qui construisent notre langue, la nécessité d’acquérir des automatismes linguistiques étant indéniable pour s’en assurer une maîtrise correcte dans le futur.

La lecture, à mon goût seule véritable source de culture orthographique s’impose dès lors comme le complément indispensable à l’apprentissage de la grammaire et de la conjugaison.

Elle apporte la connaissance du vocabulaire tout en permettant à la mémoire photographique, à son apogée durant l’enfance, d’œuvrer afin de consolider des bases sans cesse enrichies dans le futur.

Théoriquement, oui.

Mais concrètement, de nos jours?

La culture a connu une époque où elle était accessible et pas seulement à l’élite.

Certes, dans les milieux les plus défavorisés, sans l’aide de parents très impliqués faute de temps et aussi souvent de connaissance personnelle du sujet, le travail des enfants était beaucoup plus difficile.

Mais cela ne voulait pas dire que ces mêmes parents ne faisaient pas le maximum pour que leurs enfants y aient accès.

De même, les enseignants d’une certaine époque, forts d’une vocation aussi réelle qu’intense essayaient de faire partager leur savoir avec motivation.

L’éducation avait alors un sens noble et profond.

Aujourd’hui, on constate, sans avoir besoin d’avoir fait de hautes études en sociologie, que beaucoup de « démissions » s’opèrent chez les vrais éducateurs de toujours que sont parents et enseignants.

Un laisser-aller parental, pas forcément uniquement constaté au sein des milieux pauvres, s’amplifie depuis déjà plusieurs décennies.

« On n’a pas le temps », « il faut laisser l’enfant se construire », etc sont les phrases « tendance » d’une époque où l’égoïsme et le je-m’en-foutisme prônent largement dans les foyers au point de ne plus se sentir concerné par l’avenir de ses propres enfants.

A l’école, une nouvelle génération d’enseignants, dont il semblerait que l’unique sacerdoce soit la sécurité de l’emploi et le nombre de congés annuels, a fait son apparition relativement à la même époque.

On privilégie l’enfant doué, l’enfant favorisé par un foyer « impliqué ».

Un enfant ayant de préférence des aptitudes à enregistrer une parole préformatée selon les cours studieusement appris et conformes aux règles sacro-saintes établies par l’Éducation Nationale.

J’ai connu cette époque là.

L’ancienne.

Celle où les parents et les enseignants inculquaient des valeurs.

Bien sûr, comme tout enfant à qui l’on « impose » cette culture riche et parfois répétitive, je me suis insurgée, rebellée.

J’ai refusé de faire un devoir avec ce sentiment grisant d’empiéter sur la loi.

J’ai aussi, plus grande, séché des cours et reçu des punitions pour cela.

Mais au fond, malgré tout, jamais ne sortait de mon esprit que tout ce que je « subissais » comme contraintes avait un sens.

Cet espoir que j’avais lu dans les yeux de mes parents depuis ma tendre enfance et qui chérissaient l’idée de me voir un jour faire carrière, m’en sortir, faire mieux qu’eux en quelque sorte.

Je me souviens aussi de maîtresses d’école aux allures strictes mais dont l’amour des enfants et de leur métier suintait presque de tout leur être.

Les « cancres » les haïssaient, les « premiers de la classe » faisaient le maximum pour leur être agréables, mais certains enfants, dont j’ai la fierté de faire partie, buvaient leurs paroles tout en gardant l’esprit analytique et critique.

Alors, quitte à passer pour une « fayotte », je n’hésitais jamais à lever le doigt pour faire répéter ce que j’avais mal saisi ou pour chercher à développer une idée qui me paraissait trop succincte.

Je lisais beaucoup aussi.

Énormément même.

Des premiers livres d’images à bulles simplifiées aux chefs-d’œuvre littéraires, en passant par les bandes-dessinées et les littératures à thèmes (science-fiction, romans policiers, etc), je dévorais les écrits des autres avec un appétit frénétique.

Une nuit parfois me suffisait à engloutir un roman, tant je m’y plongeais avec délectation.

Aujourd’hui, mea culpa ou pas d’ailleurs, je lis moins, presque plus à vrai dire.

C’est sans doute un tort.

La culture est un exercice et n’a de limites que dans celles que ses propres choix imposent.

Pour autant, j’ai choisi d’écrire.

Peut-être était-ce la suite logique de nombreuses années d’admiration pour l’œuvre des autres.

Pourquoi pas à présent, forte d’une plus longue expérience et d’une vie riche d’évènements, de voyages, de sentiments et de toutes formes d’inspiration, n’aurais-je pas envie à mon tour de faire partager aux autres mes pensées?

Seulement voilà.

J’ai mon style, mon vocabulaire, mon amour de la langue et je souhaite aussi les partager.

Ils sont indissociables de mes idées.

Ce qui me parait le plus regrettable dans ce sens, c’est qu’il semblerait que la lecture soit tombée en désuétude, que l’amour du verbe juste et des jolis mots soit frappé d’obsolescence et que du coup mes efforts soient vains.

On lit aujourd’hui au plus vite comme on recherche de l’information brève.

Et si l’on n’a pas encore préféré à la grand messe du 20h les 6 minutes d’M6 ou les brèves en continu de BFM, on s’aperçoit que les sujets sont traités avec survol et en condensé.

Les anciens cruciverbistes, forts de définitions métaphoriques et de recherches encyclopédiques et linguistiques ont fait place aux « mots-fléchistes », plus amateurs de définitions courtes et moins recherchées.

Le cinéma et le théâtre d’auteurs ne peuvent guère plus s’accorder que de petites et moyennes salles au profit de complexes bien plus « grand public » où l’on ne trouve plus que les superproductions et les genres populaires aptes à distraire une clientèle de plus en plus à la recherche d’une facilité de compréhension frisant parfois l’infantilisme.

La distraction semble être de plus en plus liée à l’absence de réflexion. « Je préfère aller voir ce film, j’ai besoin de me détendre, pas de réfléchir », « je ne vais pas me taper un pavé qui va me prendre 10 jours à lire alors que je peux bouquiner une bonne dizaine de bons magazines sur la plage qui vont me parler de tout et de rien ».

Ces pensées, énoncées à voix haute et sans complexes par les adultes, ne vont certainement pas servir d’exemple à leur progéniture…

D’autant plus que celle-ci, à l’ère où les nouvelles technologies proposent chaque jour de nouvelles méthodes pour simplifier la communication et un soi-disant « accès à la culture », se retrouve confrontée bon gré mal gré au choix cornélien de leurs éducateurs: technologie moderne ou pas?

Déjà pour la plupart démissionnaires et amateurs de plats à réchauffer plutôt que de cuisine mijotée, ceux-ci, parents et enseignants voient ces méthodes d’un bon œil dans le sens où elles leur suppriment chaque jour un peu plus de leurs fonctions.

Pour ceux qui gardent encore « la foi », la question est plus de savoir « doser » l’ancien et le nouveau, dans le but de ne pas rendre les enfants retardataires sur leur époque.

Alors on ne passe plus des heures à la bibliothèque à construire l’architecture d’un dossier pour une présentation scolaire.

On ne consulte plus ses parents dépassés ou fatigués par leur quotidien.

On va sur « Magic Google » et en quelques mots clés on obtient photos, vidéos et textes, et bien souvent même le dossier complet déjà ficelé et prêt-à-présenter…

On ne lit plus d’ouvrages littéraires, la bande-dessinée à fait place aux mangas au vocabulaire réduit à son minimum, bourré d’onomatopées et de néologismes adaptés aux dialectes modernes.

Le réalisme de certains jeux vidéo ne se limite plus à l’image, violence et sexe au rendez-vous, mais aussi aux paroles, langage cru et accents de cité étant presque un must.

On plébiscite ce même langage châtié de « racailles » à la télévision, rendant publiquement « normal » celui-ci jusqu’à dans la publicité, le « kaillera shopping » de Pepsi Cola en est un parfait exemple; certains trouvant « branchés » voire même attendrissants ces pauvres décérébrés beuglant comme des veaux leurs insanités verbales, issues dune diarrhée mentale qui n’a jamais connue d’égale, même dans les bas-fonds moyenâgeux des pires cloaques humains.

On tolère que le « langage SMS » (mais qui ose parler de langage!) se distille par confort jusqu’aux écrits hors mobile voire aux paroles prononcées.

De sombres académiciens séniles et plus tremblotants qu’une feuille d’arbre par grand vent, se voulant avant-gardistes tout en étant censés préserver et honorer notre langue, accordent au dictionnaire de l’ami Diderot, paix à son âme mais j’en doute, l’adjonction de mots tous plus laids les uns que les autres pour ne pas se faire traiter de réactionnaires.

Le souci, c’est que si « kiffer » se démocratise, les mêmes créateurs de bouillie verbale se sentent parfaitement en droit de

réclamer l’authentification de toutes leurs abjectes œuvres néo-linguistiques…

Désolée mais je ne vois aucune poésie dans la phrase « je te kiffe BB »…

Non mais je rêve!

Alors allons plus loin, faisons donc de ces mots de la « poésie ».

Allez je me lance:

« Oh BB comme j’te kiffe,

quand tu vires ton soutif!

Oh BB t’es d’la balle,

j’en peux plus faut qu’j’t’emballe! »

Dément non?

Magnifique!

Des vers qui auraient expédié ad patres Charles Baudelaire ou Pierre de Ronsard avant même la fin de leur déclamation…

Alors bon, où voulais-je en venir déjà (cet effort là m’a grillé une bonne centaine de neurones…)?

Ah oui…

Vous le savez, lecteurs assidus de ma chronique acerbe (pas besoin d’hurler la salle est presque vide…), je n’ai jamais fait dans la dentelle pour m’exprimer ici sur les nombreux agacements que suscitent chez moi la lecture des innombrables « pensées » exprimées sur le réseau.

Je tenais cette fois, et c’est une première, à argumenter mon profond désarroi devant les témoignages incessants de mollesse linguistique que j’y observe au quotidien.

Tout y est représenté: la vulgarité, le « langage SMS », le manque total de poésie dans les mots, l’affligeant et soporifique emploi d’un vocabulaire passe-partout, et pour couronner le tout une méconnaissance quasi proverbiale des règles de grammaire et de conjugaison, sans parler d’une orthographe si châtiée que l’on atteindrait des notes approchant les chiffres des températures polaires sur une simple dictée de cinq lignes…

Moi qui déteste les SMS parce que je suis bien incapable de malmener les mots et que cela me prend donc des heures à m’exprimer par ce biais, suis bien incapable d’admettre pouvoir trouver ce même mode d’expression au sein de phrases écrites sur un clavier, en un réseau d’échanges où l’on peut justement prendre le temps de s’exprimer et de se relire afin d’échanger au mieux.

« Quel échec! » dirait une de mes meilleures amies.

Oui quel échec…

Cependant, je ne me fais pas entière en ce jugement.

Et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai abordé cet article par un léger rappel à la complexité de notre langue, notamment pour les gens dont elle n’est pas maternelle et n’ayant pas eu l’occasion d’effectuer leur scolarité en France.

La phonétique est souvent de mise; on parle le français avant de l’écrire.

Cette même transcription phonétique s’applique assez souvent à ceux dont les études ont été difficiles et le plus souvent réduites à leur strict minimum.

Enfin l’absence de motivation extérieure à pousser les enfants à lire est souvent aussi la cause d’une méconnaissance orthographique prononcée.

Mais bizarrement, les auteurs de ces fautes de syntaxe, de grammaire ou d’orthographe sont pour moi très aisément reconnaissables.

L’énormité de leurs erreurs n’a de toute évidence qu’une source purement phonétique du mot employé ou une approximation orthographique assez proche d’un calcul de probabilité.

Ceux-là me dérangent assurément moins que ceux qui « fainéantent de la touche ».

Ceux qui ne se relisent jamais pour se corriger des erreurs de frappe dont tout le monde peut-être l’auteur.

Ceux qui se moquent éperdument que leur prose ressemble à un torchon bâclé aux allures hiéroglyphiques, terme bien entendu cité dans le sens de l’incompréhensible.

Les hiéroglyphes égyptiens, dois-je le rappeler, ayant été difficilement déchiffrés, mais eux pour le moins témoins d’une véritable culture ainsi que d’une esthétique dont on s’émerveille encore.

Désolée, je ne suis ni la descendante de Jean-François Champollion et ne compte aucunement partir à la recherche d’une nouvelle Pierre de Rosette pour interpréter vos grossières éructations informatisées.

Elles n’ont pour effet, et ce suivant l’humeur, que de me désespérer ou de me mettre hors de moi.

Vos plus précieuses idées, s’il en est, prennent alors la forme d’une fiente rébarbative et l’intérêt que l’on pourrait leur accorder s’envole aussitôt les yeux posés sur elle.

Je n’ai pas la prétention de détenir la science infuse en matière de connaissance ou de maîtrise de la langue française. Je lui accorde simplement un profond respect, une esthétique que vous qualifierez sans doute de désuète et de réactionnaire, pour ne pas dire plutôt « hasbeen » et « ringardos », si ces mots vous parlent plus, ce dont je ne doute aucunement.

Mais soyons clairs sur un point: jamais je ne m’abaisserai à votre affligeant niveau pour mieux me faire comprendre de vous car vous m’êtes, pour celles et ceux que çà concerne, totalement indifférents.

Votre apathie mentale me chagrine au nom de tous ceux qui gardent encore en eux la noblesse des lettres.

Je fais fi de vos sarcasmes insipides et si peu argumentés qu’ils ne convaincraient pas un enfant de deux ans.

Il est clair que si j’apprends que vous n’avez fait que deux fautes à la Dictée de Pivot, ce sera certainement une à »dictée » et une à « Pivot »…

Lorsque je me sens assiégée par vos vilains commentaires dont je ne peux éviter le défilement odieux à droite de l’écran du réseau, je vous supprime et vous bloque, tout simplement.

Je vous laisse à votre monde superficiel où plus rien n’a d’intérêt, hormis pour vos propos débilitants, et me consacre à ma passion d’écrire, développant une réelle communication avec des gens qui ont quelque chose à dire et qui de surcroît le disent bien, pas toujours forcément avec une orthographe impeccable, mais avec du sens et de la poésie dans les mots.

Je terminerais cet article en citant Léon-Paul Fargue, dans une réponse qu’il fit à une lettre d’insultes bourrée de fautes d’orthographe:

« Monsieur, je suis l’offensé, j’ai le choix des armes, je choisis l’orthographe. Donc, vous êtes mort. »

(écrit le 18 mars 2012)

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